Dolfonso y Dolfonso fait tilt

A Rome, ce jour-là, toutes les Cadillac de location avaient été retenues par de mystérieux coups de téléphone, et dirigées sur l’aéroport de Fiumicino. Il pleuvait à seaux. D’invisibles charmeuses distillaient comme des mots d’amour l’annonce des arrivées et des départs. Les grands jets, européens et intercontinentaux, glissaient sur les pistes, aveuglés par l’ondée.

Dans l’ordre des arrivées, des individus cossus en provenance de New York, de Londres, de Paris, de Munich s’engouffrèrent successivement dans les Cadillac. Ils avaient, entre eux, comme un air de famille. Ils étaient, pour la plupart, engoncés dans un imperméable, et portaient un chapeau mou. De grosses lunettes de soleil obscurcissaient leur regard.

Un fonctionnaire de la Sécurité, perspicace – en tout cas moins occupé à évaluer les rotondités des belles passagères – n’aurait eu aucun mal à mettre un nom sur chacune de ces figures. En effet, en l’espace de quelques heures, c’était toute l’aristocratie du crime, le Gotha de la pègre internationale qui avait défilé devant lui. Et, quand les caïds du monde entier se donnent rendez-vous à Rome, ce n’est certainement pas pour méditer en groupe sur la grandeur des Césars, ni même pour s’initier aux rites de la dolce vita.

 

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