Un début d’idylle fort banal, en somme, lorsque le soleil fait tourner les têtes et infléchit les .résolutions … Mais, à leur époque, la gangue – qui emprisonnait leur bourgade respective – interdisait toute velléité d’approche et, à moins d’une révolution géologique, il était inconcevable que quoi que ce fût pût abattre un jour la barrière qui les séparait.
Creuser une brèche, dégager un couloir entre les deux patelins devint l’idée fixe de Romain. Autour de lui, les sages et les sceptiques se contentèrent de hausser les épaules. A quoi bon, puisqu’on avait déjà tenté l’impossible, se livrer à de vains travaux et s’épuiser en efforts inutiles ?
En dépit ou en raison de l’apathie de ses voisins, Romain refusa de s’avouer vaincu et décida d’aborder le problème sous l’angle scientifique. Dans le cours de la dernière décennie, les frontières de la connaissance avaient reculé à l’infini et, à l’échelle de l’univers, les progrès de la science avaient abouti à des résultats surprenants ; à l’échelle du globe, par contre, us s’étaient révélés inopérants pour lutter contre la détérioration de l’environriement. L’impuissance de l’homme à se libérer des sous-produits de son industrie apparaissait d’autant plustragique qu’instruit à I’école de la vulgarisation tout le monde – ou à peu près – possédait un bagage technique.
Dans cet état de paralysie qui annonçait peut-étre l’extinction de la race, certains philosophes crurent déceler la revanche de la matière sur l’esprit qui avait prétendu l’asservir. Peu importait, d’ailleurs, la valeur de leurs théories puisqu’aucune explication ne portait en sol de remède susceptible de réajuster l’ordre des choses. Plutôt que’de se percire en discussions stéri les, il valait beaucoup niieux trouver le moyen de sortir – au propre comme au figuré – d’une situation absurde.

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